Les aventures de Tintin et le secret de la Licorne, de Stephen Spielberg

Durée : 1h50

La bande dessinée d'Hergé prend enfin vie.

Dans ce volet adapté à l’écran, Stephen Spielberg a choisi la « Motion Capture », ce qui donne in fine des personnages plus vrais que nature.

Au début du film, Tintin, (Jamie Bell) se procure dans une brocante la maquette de la Licorne, un galion d’époque livré avec ses nombreux secrets. Il s’avère en fait que ce somptueux navire est la réplique de trois autres identiques, ce qui attise la convoitise de certaines personnes malveillantes…

Dans cette aventure, où le spectateur n’en perd pas une miette, Tintin fait la connaissance du Capitaine Haddock, (Andy Serkis), le descendant direct du capitaine qui a commandé la Licorne. Tintin retrouve un parchemin dissimulé dans le mat du bateau. Ce qui en dit long pour le jeune reporter, suivi de près par son fidèle compagnon et ami Milou.

Il en faut peu pour projeter notre Tintin et les spectateurs dans une aventure extraordinaire, accompagnée d’actions et d’effets spéciaux à couper le souffle.

Je n’ai pas encore lu tous les «Tintin », mais j’ai plutôt l’impression que le réalisateur, afin de nous permettre de mieux nous imprégner de cet univers, a choisi de réaliser une adaptation libre, plus au goût du jour, peut-être en y ajoutant, comme à son habitude une bonne dose d'humour et de suspens...

Et nous ne pouvons que l’en féliciter.

 

Rose-Marie Thénin     Octobre 2011

Les marches du pouvoir, de George Clooney

Durée : 1h35

Le  jeune Stephen Meyers, (Ryan Gosling) est bras droit de son mentor qui s’occupe de la campagne du Gouverneur Mike Morris, interprété par le réalisateur lui-même, (George Clooney).

Stephen Meyers reste tout à fait convaincu que le candidat Morris doit être élu et recevoir l’investiture présidentielle. Mais peu à peu, et involontairement retranché dans une sombre affaire, Meyers est amené à changer ses positions. Les révélations qu’il détient sur Mike Morris le pousse à vouloir rejoindre le conseiller politique du candidat adverse.

Dans ce thriller politique et quasiment machiavélique, dans un monde déshumanisé où aucune erreur n’est tolérée, et chacun tire la couverture à soi, George Clooney dépeint les coulisses de la scène politique avec amertume et cynisme.

Alors, afin de survivre dans cet univers de carnassiers, où la loyauté est totalement bannie, où tout n’est que rhétorique et apparence, où mensonge et manipulation sont de mise, les valeurs que l’on prône sont fortement compromises perdant instantanément leur signification.

Le jeune conseiller politique Stephen Meyers subit une réelle transformation : au départ, il est intègre et croit vraiment en son candidat, à la fin, il prend les rênes et perd à ce moment-là  cette humanité qui le caractérisait tant. Les autres n’ont pas à changer, ils étaient déjà véreux dès le départ.

Ici la manipulation constitue à elle-seule une violence implicite permettant à tout ce beau monde de mieux gravir « les marches du pouvoir ».

 

Rose-Marie Thénin     Octobre 2011

La couleur des sentiments, de Tate Taylor

Durée : 2h26

La Couleur des sentiments, ou The Help by Anonymous, est tiré du roman de Kathryn Stokett, amie du réalisateur.

Fraichement diplômée de l’Université du Mississipi, Eugenia Phelan, dite Skeeter, (Emma Stone), est engagée au journal local de Jackson, Mississipi, pour s’occuper de la rubrique ménagère. Mais Skeeter rêve d’écrire un roman. Afin de ne pas se détourner de sa passion, elle demande aux domestiques noires de ses amies blanches de bien vouloir l’aider à répondre aux différentes lettres des lecteurs. Mais bien vite, Sketter s’aperçoit de ce qu’elle n’ignorait pas. Peu à peu, il nait une réelle complicité, entre ces femmes d’exception Aibilenn, (Viola Davis), et Minny, (Octavia Spencer) et la jeune journaliste. Skeeter comprend qu’elle détient enfin le thème de son premier roman lorsque les deux femmes noires, et par la suite d'autres, lui révèleront, à leur risque et péril, leur quotidien des plus sordides, au milieu des Blancs toujours aussi venimeux. A cette époque, les noirs vivent toujours la ségrégation et sont toujours considérés comme des esclaves… modernes. Le réalisateur saupoudre un venin explicite, qui a toutefois un fort impact sur nous. Bien que les tableaux dressés soient politiquement corrects, ils révèlent toutefois un racisme exacerbé et omniprésent. On est dans les années 1960, Sud des Etats-Unis, ne l’oublions pas.

Skeeter est loin d’être comme les autres femmes blanches qu’elle côtoie, elle se sent fortement impliquée et espère un jour pouvoir changer les choses. Peu à peu, elle se sent investie d’une réelle mission, qu’elle se doit de transmettre aux lecteurs pour qu’ils sachent ce qui se passe réellement. Elle réalise l’ampleur de sa tâche et ne se décourage pas pour autant devant le terrible constat d’une haine difficilement répressible.

Ecrire pour écrire n’est rien sans l’engagement personnel quelque part de l’auteur. Et puis cet abandon de soi dans l’écriture doit être sanctionné par la vérité, notre vérité. Skeeter en est de plus en plus consciente.

L’écriture et la sortie de son livre The Help by anonyous, va sans aucun doute consolider les idées avant-gardistes du Président Robert Kennedy, et Martin Luther King avant leur assassinat, et devrait affaiblir de ce fait le Ku Klux Klan.

La couleur des sentiments, c’est du beau cinéma, de beaux paysages beaucoup trop ensoleillés, avec des acteurs qui vont au-delà de leurs limites, pour nous faire revivre cette époque si difficile à vivre dans un monde devenu déshumanisé et qui doit impérativement s’acheter une nouvelle conduite.

 

Il est à noter que le film met en scène des écrivains, Le retournement de situation constitue à lui tout seul une belle revanche. L’auteur parle à la forme « je», première personne du singulier, et tout au long du film, nous suivions une mauvaise piste.

Pour l’époque, cela devait être une première, mais nous ne pouvons qu’espérer que ce n’était pas qu'une pure fiction.

 

Rose-Marie Thénin     Octobre 2011

The Artist, de Michel Hazanavicius

Durée : 1h40

Dans ce décor édulcoré, jusqu’à tendre au noir et blanc, on revit les films muets avec plus de conviction encore. On est pour ainsi dire dans l’écran avec les acteurs. On devient même eux.

On s’attend à voir Charlie Chaplin ou même Buster Keaton, mais non, c’est Jean Dujardin, Prix au Festival de Cannes pour son interprétation.

Ici, le script est banni, seuls apparaissent les quatre grands traits de caractère qui composent notre psychologie de base : la colère, la tristesse, la joie et la peur. Seule la gestuelle du corps et du visage permettent la compréhension du film.

Le scénario est simple, mais tellement attachant.

Hollywood, de 1927 à 1929. George Valentin, campé par un Jean Dujardin totalement habité, grande star du cinéma muet à Hollywood, se voit supplanter par la pétillante Peppy Miller, joué par Bérénice Béjo, qui devient très vite l’actrice du cinéma parlant qui vient de voir le jour.

Il est difficile de réprimer un orgueil qui vous a nourri pendant si longtems. La crise de 29 s'est aussi abatue sur George Valentin, oublié des hommes, devenu pauvre et plus rien tout à coup. Il n'a plus que Peppy Miller, qui a son insu veille sur lui... Lois bien connues de l'amour combiné d'un brin de culpabilité...

Notre nostalgie du temps passé est vite oubliée par l’ambiance feutrée de ce film si percutant. Cette note de conte de fée nous rappelle qu’un jour peut être différent d’un autre jour, ou que le plus grand des péchés, c’est peut-être de perdre le courage.

La complicité entre les deux acteurs est vivante et palpitante, ce qui donne plus de corps au film The Artist.

Nous ne pouvons que remercier Michel Hazanavicius d’avoir réalisé ce projet qui lui tenait tant à cœur : réaliser ce film muet des années 20, avec en toile de fond Hollywood et la Grande Dépression de 1929.

A l’ère du numérique et du 3D, le pari était risqué mais pour le bonheur des spectateurs, rien n’est trop beau.

On peut remercier le réalisateur pour cet hommage rendu au cinéma muet et populaire.

 

Rose-Marie Thénin     Octobre 2011

 

Dream House, de Jim Sheridan

Durée : 1h31

Will Atenton, Daniel Craig, vient de démissionner de la grande maison d’édition dans laquelle il travaillait pour se consacrer à sa famille, sa femme, Rachel Weisz et ses deux petites filles, mais aussi à son roman.

Venant de déménager, il arrive un soir dans sa nouvelle maison, et s’aperçoit que ses deux fillettes ainsi que sa femme, Libie ont peint des fleurs décoratives dans la rampe d’escalier. Tout est beau et doux, le bonheur est réellement palpable.

Mais, rapidement Will s’aperçoit que ce sentiment d’allégresse s’étiole peu à peu pour livrer Will à son plus grand ennemi, qui n'est autre que lui-même. Qu’est-il donc arrivé  à Will ? Qu’est-ce qu’il cache derrière son regard des plus ternes ? C'est un homme écorché vif qui est à la recherche de son passé qui le rattrapera coûte que coûte.

C’est avec l’aide de sa voisine Anne, Naomi Watts, et amie qu’il va rassembler les pièces manquantes du puzzle. Peu à peu Will sent au plus profond de lui qu’un complot diabolique est ourdi contre lui dont il est sans aucun doute l’unique instigateur. Will comprend aussi que sa mémoire est restée défaillante pendant trop longtemps, pendant cinq longues années. Durant toute cette période, qui se révèlera sans aucun doute la plus noire de sa vie, Will l'aura passée à voyager au travers du Temps dans une sorte de No Man's Land à conjuguer rêve et réalité, parmi ses démons enfouis au creux de lui, prêts à resurgir brusquement afin de mieux l'attirer dans son propre néant.

Il apprend que l'ancien propriétaire de la maison a abattu froidement sa femme et ses deux petits enfants.

Will, en proie à ses doutes, est aux aguets. Serait-il devenu lui aussi un monstre au point d'accompir une action tout aussi méprisable, que son inconscient a voulu tout simplement occulter ?

Dans ce thriller de Jim Sheridan, tous les ingrédients sont présents pour nous happer dans cette maison dans laquelle tout s’est joué. Les acteurs sont plus que crédibles et savent nous tenir en haleine jusqu’au dénouement tant attendu.

Après ces années d'errance, il est temps pour Will d’ouvrir les portes restées closes jusqu’à présent. Aidons-le à les pousser afin qu’il puisse retrouver, s’il n’est pas trop tard, les souvenirs de cette nuit fatale.

 

Rose-Marie Thénin     Octobre 2011

 

Les Hommes libres, d’Ismaël Ferroukhi

Durée : 1h50

1942. Younes, jeune algérien, sans grande éducation, vit de marché noir à Paris. Il se fait arrêté par la police française qui lui demande d’espionner la mosquée de Paris, soupçonnée de délivrer de faux papiers à des juifs recherchés. Peu à peu Younes, malgré lui, se retrouve engagé dans un combat qu’il jugeait ne pas être le sien.

Ce film signe les prémices de la révolte et de l’indépendance de l’Algérie, mais aussi l’indépendance de tous ces autres peuples opprimés. On notera que le titre comporte une majuscule à « Hommes », ce qui peut être compris comme un devoir pour le genre humain, pour l’humanité.

Il y a effectivement un contraste qui en dit long entre la ville de Paris, où règnent l’humiliation, la misère, et la peur. A l’intérieur des murs de la mosquée, tout n’est qu’amour, somptueux, et l’espoir fait de nouveau son apparition.

Ce film est une vraie apologie de la liberté. Ismaël Ferroukhi, nous démontre qu’il n’y a plus de querelles inassouvies datant de millénaires entre juifs séfarades et arabes, il n’y a plus que cette solidarité, cette entraide, cet amour pour son prochain, cette envie de se battre ensemble pour que les Hommes deviennent enfin libres.

 

Rose-Marie Thénin     Septembre 2011

 

Un heureux événement, de Rémy Bézançon

Durée : 1h50

Le nouveau film de Rémi Bezançon, tiré du roman éponyme d’Eliette Abecassis, vient insidieusement révolutionner tout ce que l'on pensait au sujet de la maternité, la venue au monde d’un tout petit.

Barbara, dite Bab, Louise Bourgoin, et Nicolas, dit Nico, Pio Marmaï, s’aiment, quoi de plus naturel en somme ?

Elle est doctorante en philosophie, et lui est vendeur dans un vidéoclub.

Et puis la vie offre le plus beaux des cadeaux : la chance de pouvoir perdurer la vie elle-même, privilège attribué aux femmes par les Dieux.

Pour Bab, c’est l’inconnu total. Son raisonnement philosophique l’interroge au plus haut point, et ses retranchements métaphysiques l’assaillent, voire la font même dériver de sa formation première, en l’occurrence : aimer tout simplement. Quelque temps après, elle reconnaît avoir trouvé le sentiment d’amour pour son enfant qui vient de prendre enfin sa place, relation qui ne tardera pas à devenir fusionnelle.

Et oui, comme il se doit, la naissance de leur petite fille, Cloé vient mettre du piment aigre-doux dans leur existence, si fleur bleue, il n’y a pas encore si longtemps. Comment faire les choses, pour éviter que le bébé pleure, entre autres ?

Bab est complètement perdue, elle ne sait plus que faire. Elle est en plein déprime post-natale. Même Nico ne semble plus être l’homme  dont elle était amoureuse. Ils ne se comprennent plus, jusqu’au point de non retour.

Comme le dit si bien Bab : l’amour arrive à s’amoindrir, mais ce qui persiste, c’est la vie.

Alors, dans cette complétude à donner naissance à son enfant, dans un état de grâce qui va bien plus loin que l’acte lui-même, permettons à cette femme réellement bouleversée, (dans tous les sens du terme physiquement et moralement), de prendre le temps pour retrouver ses propres repères pour qu’elle puisse vivre comme une pure bénédiction ce moment : être mère.

Les acteurs nous offrent une vraie prouesse en naviguant entre humour, amour, tristesse, peur et colère.

Ce film pose les questions existentielles sur la vie, la naissance, la maternité, comment elle est perçue par les différents protagonistes. Mais aussi, et de façon plus métaphysique, ce long métrage de Rémi Bezançon, chante à nos oreilles, nos propres interrogations sur le mystère de la vie :

Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où Allons-nous ?

Ces trois questions nous rassurent, le mystère de la vie n’a pu être encore révélé, et ne le sera pas tout de suite, du moins durant les prochains millénaires.

 

Rose-Marie Thénin   Septembre 2011

Warrior, de Gavin O’Connor

Durée : 2h20

Ce n’est pas pour rien que ce film s’intitule Warrior, Le Guerrier. Tout au long, les protagonistes vont se mener une lutte sans merci. Brendan, Tom Hardy, et Tommy, Joel Edgerton, sont deux frères séparés par la vie pendant de longues années qui ont coupé les ponts avec leur père alcoolique, Paddy, Nick Nolte, ancien entraineur de Sparta, (arts martiaux mixtes).

Quand Tommy, ancien marine, et déserteur de surcroît, retrouve son père, qui ne touche plus une goutte d’alcool depuis 1000 jours, et qui est dans le repenti depuis bien longtemps, il lui demande d’être son entraineur à nouveau.

Mais voilà que son frère Brendan, professeur de physique, n’arrive plus à payer son crédit immobilier devenu trop important, et fait plusieurs boulots dont se battre, ce qui lui vaut une suspension de l’administration.

Ces deux frères écorchés vifs, torturés par un poison qu'on a instillé en eux jour après jour, vont devoir s’affronter comme deux adversaires sur le ring, à coups de poing mais aussi à coups de cœur. Ils vont sans plus attendre régler leur compte et mettre à plat leurs sentiments belliqueux, leur haine vouée à leur père et leur hargne des plus significatives.

Ce film évoque les familles détruites par l’alcoolisme causant des dommages incompressibles, mais aussi en filigrane le surendettement, la précarité pour les personnes dépourvues de couverture sociale, la guerre en Irak et ses morts trop nombreux.

Mais en premier plan, c’est de rédemption dont ont besoin nos personnages afin de panser leurs démons d’une exitence trop douloureuse.

Ce film traduit également un vrai malaise de la société américaine vécu au quotidien comme un triste, voire funeste combat.

Laissons une chance à Brendan et à Tommy de se retrouver sur le ring cette fois, et qui sait peut-être changer le cours des choses.

 

Rose-Marie Thénin        Septembre 2011

Tu seras mon fils, de Gilles Legrand

Durée : 1h42

Difficile d’atteindre l’amour d’un père pour un fils quand celui-ci ne le reconnaît pas en tant que tel. Pour Martin, c’est une lutte sans merci, et ce depuis toujours.

Paul de Marseul, Niels Arestrup, propriétaire d’un vignoble à Saint-Emilion a la passion de ses vignes et de son terroir. Il n’a pas de place pour son fils Martin, Laurànt Deutsch. Il le dit lui-même à Alice, la femme de son fils, Anne Marivin : « je ne suis pas attaché à Martin » ! Inutile de préciser qu’il ne peut se résoudre à lui laisser les rênes au moment des vendanges, lorsqu’il apprend que son régisseur, François, Patrick Chesnais, est atteint d’un cancer. La visite inopinée de son fils, Philippe, Nicolas Bridet, ayant une grande connaissance des vignes acquise un peu partout dans le monde, va peut-être faire pencher la balance de son côté, pour ce fils idéal, et idéalisé, celui que Paul aurait aimé avoir.

Cette visite va peut-être tout faire basculer et ne fait qu’accentuer les rapports tendus entre père et fils, voire parfois inhumains.

Dans ce suspens, où la manipulation est de mise, et où personne n’a vraiment sa sa place, la question est de savoir dans Tu seras mon fils, qui le sera, le fils biologique ou celui en qui Paul a forgé tous ses espoirs ?

N’oublions pas d’ajouter que la prestation des protagonistes est des plus brillantes, à mon sens, surtout Laurànt Deutsch qui sait si bien nous émouvoir en fils mal aimé qui se surpasse pour attirer la tendresse d’un père qui ne lui aura jamais rien accordé, pas même un regard.

 

Rose-Marie Thénin        Août 2011

La planète des singes - Les Origines, de Rupert Wyatt

Durée : 1h46

On attendait avec impatience ce nouvel opus de la Planète des singes, tiré du roman de Pierre Boule. La série de 1968 racontée par J. Schaffer avec Charlton Heston nous avait laissé des traces indélébiles. Déjà à l’époque, on nous avertissait d’un grand danger, on nous mettait en garde contre nous-mêmes. La série nous avait prédit que les Hommes étaient en voie d’extinction par leur faute, l’utilisation de la bombe atomique, avait réduit à néant notre monde, notre terre, devenue paysage de désolation, ainsi que nos illusions. Mais un jour, les forces s’étaient renversées, les singes en côtoyant les hommes étaient devenus habiles et intelligents asservissant la race humaine.

Nous n’oublierons pas non plus le film de Tim Burton sorti en 2001, tout aussi impressionnant avec Helena Bonham Carter et Mark Wahlberg dans lequel « la planète des singes met en scène un monde bouleversé, un univers brutal, primitif, où les singes commandent et les humains sont traqués et asservis par les primates tyranniques. L’apparition soudaine d’un homme libre, étranger à la dictature établie, défie l’ordre régnant et entraine des changements sociaux révolutionnaires. » (Source : Internet).

Dans ce mythe revisité, Les origines de Rupert Wyatt, on est happé par l’histoire, (plus humaine) dirait-on. Les effets spéciaux sont superbement bien réalisés, et à l’ère du numérique, les singes plus vrais que nature sont bien plus terrifiants encore.

Dans ce film, Will Rodman, James Franco, jeune scientifique, cherche à trouver le remède qui pourrait sauver son père de la maladie d’Alzheimer. Les tests réalisés sur les chimpanzés se révèlent positifs. Les facultés intellectuelles des primates se développent de façon rapide redonnant espoir. Un pas pour l'humanité vient d’être franchi.

Mais, Will, un James Franco toujours aussi crédible, n’avait pas prévu les effets secondaires de ce médicament miracle, et la situation lui échappe.

Ce film nous rappelle que nous faisons partie d’un tout, l’Univers, et pose habilement les questions suivantes :

-   Qui sommes-nous ? Sûrement pas les maîtres de l'univers ayant droit de vie ou de mort sur quiconque ? Peut-on continuer à faire ces tests douloureux et atroces sur les animaux sans en éprouver un quelconque remord, même si cette recherche se dit être pour le bien de l’humanité ?

-    L’intelligence des hommes, est-elle utilisée à bon escient ?

-   Les laboratoires pharmaceutiques et leurs profits inimaginables ? Quel peut dont être le la notion de bien pour l’humanité ?

Et la dernière, et pas des moindres :

-    L’espèce humaine est-elle en danger de mort ?

Il serait sage de trouver très vite une réponse à cette interrogation car la révolte gronde au sein des singes, ce qui laisse présager que la révolution a déjà commencé.

 

Rose-Marie Thénin        Août 2011

Un jour, de Lone Scherfig

Durée : 1h46

L’histoire aurait très bien pu s’intituler aussi « Où s’en vont ceux qu’on aime ? ».

Nous voulons nous souvenir de dates précises et les célébrer chaque année. Nous souhaitons séquencer notre temps dans notre repère chronologique pour se dire que rien n’est omis, que tout a été vécu, au moment de notre propre départ vers un au-delà insaisissable. Depuis plus deux décennies, pour Dexter et Emma, la date, début de toute chose, est le 15 juillet.

Difficile de se trouver quand on se cherche en vain. Difficile de vivre dans l’ombre de l’autre que l’on chérit mais qui ne nous voit pas. Pour Dexter, Jim Sturgess, et Emma, Anne Hathaway, le point de rencontre est difficile à atteindre. Ils viennent d’être diplômés. Et leur amitié amoureuse doit s’éterniser durant cette vingtaine d’années afin que leur amour respectif soit reconnu et surtout qu’il puisse survivre enfin. A ce propos, entre l’amour et l’amitié, n’existe-t-il pas une frontière parfois facilement franchissable ?

Dexter ne se sent vivant que dans les bras des autres femmes pour tenter d’oublier Emma, mais il ne le sait pas encore. Quant à Emma, pleine de principes, a une peur incontrôlée de l’amour et surtout d’être aimée de Dexter, qu’elle a aimé dès le premier regard, de plus, elle n’ignore pas qu’elle ne pourra pas le garder pour elle et se refuse de souffrir plus encore. Elle essaie de l'oublier également, bien que cela semble impossible.

Il leur a bien fallu grandir durant cette période pour se retrouver à un moment « M » de l’échelle temporelle.

La vie peut, en effet, nous surprendre, en nous donnant une seconde chance, si mince soit-elle pour réaliser nos rêves, les plus fous. Mais le prix à payer risque d’être lourd à payer car qui sait vraiment ce que nos lendemains sont faits ? Le titre d'Un Jour, aurait pu comporter un point d’interrogation, car rien n’est moins sûr.

Pourtant le dénouement défie toutes les lois existentielles et la question essentielle que l’on peut se poser est de savoir s’il nous est envisageable de contrecarrer une destinée qui se veut parfois trop douloureuse surtout quand les regrets, les occasions ratées et la réalité qui n’a pas su donner le change à nos espérances, quand tout cela s’en mêle...

Mais, même après tout ce temps de gestation, rien n’est acquis, tout est fragile et peut nous renverser instantanément. Car nous sommes, en fait, sursitaires.

La leçon émouvante que nous pouvons tirer de ce film si romantique, et avec un Jim Sturgess des plus touchants en charmeur insouciant, apparaît en filigrane.

Ce n’est pas la durée des moments mais bien leur intensité qui fait qu’ils sont inoubliables.

Alors pourquoi ne pas tout faire pour se les rappeler à la date anniversaire qui peut se révéler, aussi, fatidique ?

 

Rose-Marie Thénin        Août 2011

Mes meilleures amies, de Paul Weig

Durée : 2h04

Pour Annie, rien ne va plus. Son associé et son compagnon de surcroît, vient de la laisser tomber lorsque l’entreprise de pâtisserie qu’ils ont créée est dans le rouge. Elle se console, comme elle le peut, dans les bras d’un mufle.

Sa meilleure amie, Lilian lui annonce qu’elle va se marier et lui demande d’être sa demoiselle d’honneur, et d’organiser comme il se doit la cérémonie. C’est à partir de ce moment que tout se corse, jusqu’à en toucher le fond.

Mais Annie, Kristen Wiig, n’est pas du genre à se lamenter sur son sort. Malgré les nombreux gags, tous plus extravagants les uns que les autres, nous arrivons à éprouver de la compassion, car elle nous ressemble, c’est notre sœur de vie qui joue la malchance et qui vient de tout perdre.

Une petite parenthèse, Kristen Wiig est la co-scénariste de ce film qui nous fait penser quelque peu à Very Bad Trip, mais au féminin.

La préparation du mariage de Lilian va être une vraie révélation pour Annie, car les Meilleures amies, c’est déjà elle-même, mais cela, elle ne le sait pas encore.

 

Rose-Marie Thénin        Août 2011

Harry Potter et les reliques de la mort, Partie 2, de David Yates

Durée : 2h10

Depuis une décennie, notre esprit a été captivé par l’histoire épique du plus jeune et du plus grand sorcier du monde, Harry Potter, face à son plus cruel ennemi, Lord Voldemort.

Son récit a perduré durant toutes ces années des valeurs sûres, celles qui nous sont chères, vers lesquelles nous voudrions pencher, entre autres : la justice, l’amitié, l’amour, la loyauté, le courage, la tolérance, la liberté, et celles qui peuvent révéler notre côté sombre, telles que la quête de pouvoir, et surtout, les forces du Bien contre les forces du Mal. L’auteur, J.K. Rowling a voulu, si ce n’est pas y répondre, nous interpeller sur ces questions essentielles, voire existentielles qui régissent notre monde.

Ce dernier opus est « spectaculaire et généreux, avec des batailles et des dragons. Un opéra où on retrouve la fantaisie du début », comme nous le dit lui-même le réalisateur, David Yates, dans Les Cinémas Gaumont Pathé, Juillet 2011. Le pari est tenu. Tous les ingrédients du monde de la magie y sont rassemblés, il faut en convenir, et ce pour notre plus grand plaisir. L’émotion est de nouveau palpable et constante.

Harry n’est plus un adolescent, il a mûri. Il n’est plus en proie à ses doutes comme précédemment, il est devenu un homme, l’égal qui devra combattre Voldemort, le Seigneur des ténèbres, jusqu’à ce que l’un des deux disparaisse…, comme le prédisait la prophétie.

Du reste, en parlant de ténèbres, comme dans le précédent film, les couleurs semblent pratiquement délavées, pour tendre vers le noir et blanc, comme si la vie s’en était allée, juste après le passage funeste des détracteurs, ceci pour mieux refléter le paysage de désolation ambiant.

Les effets sont merveilleusement bien rendus. Forgés dans notre imaginaire, ils prennent forme réelle d’une manière inopinée.

La trame chronologique du livre de J.K. Rowling est pratiquement respectée, à trois mots près. Si ce n’est que l’accent aurait dû être mis sur les points forts du roman. En effet, certains passages clés ont été omis et empêchent une plus grande compréhension du texte, voire peuvent occulter notre appréciation : entre autre la soif de pouvoir est diluée. Pourtant, Dumbledore, à la recherche des Reliques durant toute sa vie, a refusé, à maintes reprises, le poste de Ministre de la Magie qu’on voulait lui confier, la tentation aurait été trop grande. Quant à Voldemort est trop préoccupé par son immortalité en fragmentant son âme tout en ignorant que cela la rendrait plus vulnérable. Le Seigneur des Ténèbres renonce à son identité et son apparence humaines, (sens littéral du mot), pour affirmer son pouvoir indiscutable. Il aurait été plus réaliste d’entendre à la fin, Lily très impatiente de faire sa rentrée à Poudlard, ou James insolent et toujours trop sûr de lui. On aurait aimé participer à l’ambiance générale qui régnait après l’affrontement final.

Quel pouvait donc être le pouvoir de Harry que ne possédait pas Voldemort, si ce n’est l’Amour… et dont ce dernier ignorait l’existence ?

Il est tout de même regrettable de ne pas avoir assisté à la dernière discussion entre Harry et Voldemort et espéré qu’il y aurait pu avoir une potentielle rédemption pour Tom Jésudor, s’il avait ressenti, ne serait-ce qu’une seule fois le sentiment communément appelé le remord. Harry le lui demande, et lui dit : « J’ai vu ce que vous allez ce que vous deviendrez….Devenez un homme… ». Et pour finir, et pas des moindres, en rapport avec le titre des plus significatifs, qui détenait en fin de compte les 3 Reliques, pour devenir incontestablement et de façon intemporelle le Maître de la Mort ?

A l’heure de la projection sur grand l’écran de la dernière épopée fantastique de ce sorcier dont la célébrité a fait le tour de la planète, c’est la fin, c’est l’ultime aventure de notre héro et de ses amis. Difficile d’en convenir et de s’y résoudre.

L’univers décrit par l’auteur a su nous bercer indéniablement, voire nous envoûter même, au-delà de notre propre inventivité. Pour certains, toute leur jeunesse a été choyée par les Harry Potter qui ont su les guider.

A présent, retournons rapidement à nos livres pour nous replonger dans cet environnement des plus ensorcelants. Merci Madame Rowling de nous avoir permis de partager avec vous ces nombreuses pages devenues immortelles.

Aujourd’hui, après avoir vécu ce phénomène mondial comme un nombre croissant d’inconditionnels, je ressens un grand vide sur le plan de la littérature, an niveau de la Fantaisy, mais aussi, et cela n’est pas pour me consoler, sur le plan philosophique, un vide que rien ne pourra venir combler.

 

Rose-Marie Thénin Juillet 2011

Swicth, de Frédéric Schoendoerffer

Durée : 2h35

 

Nous sommes en juillet 2010.

Sophie Malaterre, Karine Vanasse, habite le Canada. Elle sent depuis peu sa vie partir à la dérive. Afin d’y remédier, elle se rend sur le site switch.com afin d’échanger sa maison pendant les vacances contre un hôtel particulier appartenant à une jeune femme vivant à Paris, Bénédicte Serteaux.

Ce qui devait amoindrir le sentiment d’incomplétude totale dans son existence, et être une partie de plaisir est devenu pratiquement dès le lendemain de son arrivée dans la capitale, un cauchemar duquel il serait difficile de sortir indemne.

Cette jeune Sophie Malaterre se retrouve catapultée dans un univers malsain. Rien ne  laissait présager que Sophie serait inculpée du meurtre d’un homme situé à l’étage qu’elle jure de ne pas connaitre.

Petit à petit, Sophie comprend que quelque chose ne va pas, et elle constate avec effroi que plus rien ne peut prouver son identité réelle et qu’elle se retrouve piégée.

Malgré la surveillance de l'inspecteur Forgeat, Eric Cantona, elle devient un loup aux abois et endosse la peau de quelqu'un d'autre qui lui est totalement inconnu.

Courses poursuites et cascades dans ce thriller haletant nous amènent au dénouement des plus intéressants.

Sophie, serait-elle accusée ou simple victime d’une sombre machination nommée : vengeance ?

 

Rose-Marie Thénin         Juillet 2011

Transformers 3, de Michael Bay

Durée : 2h35

 

C’est la troisième fois que Michael Bay met en scène ses jouets préférés, des robots extra-terrestres, les autobots et les decepticons, ayant la capacité de se transformer en remorque ou voiture… ou en n’importe quoi.

Ce nouvel opus est très bien construit.

L’Histoire s’en mêle. En effet, la course à l’espace des années 60, n’est pas si loin. Ici on assiste à un parallèle évident. Les américains et les soviétiques se « battent » pour être les premiers à aller sur une autre planète viable, afin d’explorer d’autres ressources énergétiques, alors que la lutte entre et autobots et decepticons existe depuis des décennies. Les premiers, veulent à tout prix sauvegarder leur planète, Cybertron, les seconds, eux désirent s’en emparer. La guerre fait rage depuis si longtemps qu’on l’avait presque oubliée…

Il a fallu la découverte de ce vaisseau alien sur la Lune au moment de la mission d’Apollon XI, en juillet 1969, pour raviver la rage d’autrefois des robots belliqueux. Les autobots étant plus modérés, se sont juré de rester sur terre afin de protéger les humains, entre autres, de leurs ennemis mortels, les decepticons.

On a plaisir à retrouver Sam Witwicky, Shia LaBoeuf, bien qu’il soit beaucoup moins crédible que dans les deux premiers films réalisés.

Dans cet opus, Michael Bay, grand visionnaire, nous offre pourtant du grand spectacle. Les effets spéciaux sont époustouflants, bien qu’ils ne relèvent toujours pas de la 3D.

Mais ce qui restera dans notre mémoire avertie, c’est cette image de guerre des mondes perdurée, et cette représentation est loin de nous mettre à l’abri et de nous rassurer.

 

Rose-Marie Thénin         Juin 2011

L’Affaire Rachel Singer, de John Madden

Durée : 2h00

 

L’Affaire Rachel Singer, (remake du film La dette d’Assaf Bernstein), est un retour en enfer des atrocités commises par les médecins affectés dans les camps de la mort.

Il faudra plus de 20 ans après la guerre, aux agents du Mossad, Stephan Gold, Marton Csokas, David Peretz, Sam Worthingthon, et Rachel Singer, Jessica Chastain pour débusquer dans Berlin Est, un médecin qui a ouvert un cabinet de gynécologie, mais qui n’en demeure pas moins le « chirurgien de Birkenau ». Rachel se fait passer pour une patiente de Dieter Vogel, l’endort et le fera sortir avec l’aide de ses complices. Leur but est de le transférer aux autorités israéliennes pour le juger. Mais rien ne s’est passé comme il était prévu. Mais, ils décident de faire silence et reviennent acclamés comme des héros dans leur pays.

Confinés dans un Huit-clos à la Jean-Paul Sartre, du point de vue espace de l’appartement, mais aussi de la situation incompressible que vivent les protagonistes liés par leur terrible secret : leur mission et ne pas déroger, le trio est pris dans un étau inextricable et rien que pour cela, on éprouve pour eux une réelle empathie. D’ailleurs, les rôles sont inversés, les trois agents du Mossad, se comportent, consciemment ou inconsciemment, de la même façon que se comportait leur bourreau, à leur merci à présent.

Vers la fin des années 1990, et rongés par le remord ou la peur de la vérité, Rachel,- Helen Mirren, qui reste très émouvante-, David, et Stephan, les trois anciens geôliers se retrouvent car le film est partagé entre flash-backs, année 1965 et présent.

Dans ce film, le réalisateur ne se penche pas sur les atrocités de la guerre, nous les connaissons toutes, et rien ne pourra les occulter. Mais il s’intéresse plutôt à la psychologie du triangle, en proie à leur doutes, leurs sentiments amoureux et à leur colère.

Le dénouement nous rappelle tout simplement qu’un jour ou l’autre, le temps n’efface rien, et l’Histoire, humaine ou pas, nous rattrape, ne l’oublions pas.

Rose-Marie Thénin         Juin 2011

London Boulevard, de William Monahan

Durée : 1h42

London Boulevard, de William Monahan est le nouveau film noir anglais à ne pas manquer avec en toile de fond un Londres peu amical, celui des bas quartiers, symbole du monde des gangsters.

Mitchel, Colin Farrell, qui vient de purger sa peine, veut rompre à tous prix avec le milieu. Sa rencontre avec Charlotte, Kiera Knightley, une superstar terrée chez elle à cause des paparazzis qui la harcèlent, va être décisive. Il accepte le job de devenir son garde du corps, se sentant irrémédiablement attirée par la jeune femme qui fuit également quelque chose de son passé, tout comme lui.

Peu à peu le film nous installe dans une certaine confiance, nous pensons que notre héro, va gérer les poursuites dont il fait l’objet, bien que les entretiens avec un des parrains soient très musclés.

La question est de savoir s’il est possible de se sortir de ce monde, est-ce qu’il suffit de le vouloir pour le pouvoir ?

Nous avons dans ce film un Colin Farrell plus vrai que vrai face à une partenaire, Kiera Knightley, des plus effacées et peu crédible. Ce qui est fort dommage pour ce film réalisé avec un très grand réalisme.

 

Rose-Marie Thénin         Juin 2011

Pirates des Caraïbes – La fontaine de jouvence, de Rob Marshall

Durée : 2h08

Le nouvel opus de Pirates des Caraïbes – La fontaine de jouvence, de Rob Marshall, est un nouveau plaisir qu’on a du mal à dissimuler.

Le duel Depp/Cruz marche assez bien même si l’on regrette toujours et encore le trio Bloom/Knightley/Depp.

Humour et cascades sont au rendez-vous et ne laissent en aucun cas le spectateur souffler. Il nous semble qu'on ait un Jack Sparrow qui cherche à se racheter une bonne conduite de toutes ses espiègleries, il est comme sur le chemin de la rédemption. Les effets spéciaux bien qu’époustouflants, ne justifient toujours pas la 3D.

Quelle joie de replonger dans cet univers où l’aventure tangible à chaque minute, étire le temps qui passe comme un éclair, avec un scénario moins alambiqué que le précédent, ce qui fait que l'histoire est plus facile à comprendre. C’est pour dire, on aimerait que rien ne s’arrête, mais quelque chose me dit que de nouvelles aventures attendent notre Cap’tain Jack Sparrow afin qu’il retrouve enfin son cher Black Pearl.

 

Rose-Marie Thénin         Mai 2011

Le complexe du castor, de Jodie Foster

Durée : 1h30

Le complexe du castor, nouveau film de Jodie Foster, ne peut que nous ébranler.

Walter Black est un homme qui sent profondément que sa vie s’effondre. Sa femme ne veut plus entendre parler de lui, son fils ainé le méprise, et ne veut surtout pas lui ressembler, son jeune fils ne le voit pas et pour couronner le tout, son entreprise est en plein déclin.

Walter Black, se rendant compte qu’il vient même de rater son propre suicide, est totalement anéanti.

Au cours de ses nombreuses beuveries, il trouve dans une poubelle, une marionnette, un castor qu’il met à son bras, et décide désormais que le castor parlera au travers de lui et en son nom, ceci afin de mieux faire passer ses sentiments, et de se protéger de ses émotions –protection thérapeutique -.

Il retrouve par l’intermédiaire du castor sa place au sein de sa famille, (à part son fils aîné qui ne veut toujours pas lui parler) et sa dignité dans son entreprise.

Peu à peu, entre le castor et lui existe une réelle symbiose qui ne peut être dissolue. Mais petit à petit, la marionnette devient gênante pour l’entourage et même pour lui-même qui ne peut plus agir seul. Son libre-arbitre a été affecté, voire infecté.

Le complexe du castor nous met face à nos passages à vide, nos démons, voire notre folie, et nous alerter sur les limites de notre propre endurance.

Mel Gibson redore son blason avec ce rôle des plus touchants, rôle qui reflète notre propre vie. Car l’auteur nous rappelle qu’il sait ô combien nous émouvoir comme il avait su le faire dans L’arme fatale et dans bien d’autres films, ne l’oublions surtout pas.

 

Rose-Marie Thénin         Mai 2011

La défense Lincoln, de Brad Furman

Durée : 1h58

Michael Haller, Matthew McConaughey, est un avocat de la défense aux méthodes singulières. Pour ses clients, tous coupables, il fait des arrangements avec le tribunal pour juste amoindrir leurs peines. Nous nous trouvons dans un Los Angeles immoral, où coups bas et corruption sont permis.

Un jour, il se retrouve face à un nouveau client, Louis Roulé, Ryan Phillipe, fils d’une riche famille, accusé de tentative de meurtre sur une prostituée.

Matthew McConaughey a endossé ce rôle qui lui va comme un gant. Il a abandonné cette fois les « comroms » dans lesquelles il avait cette prestance de gentil Monsieur Muscle.

Le duel de choc entre lui et Ryan Phillippe, dont le regard est devenu des plus durs, est extraordinaire, on se demande même qui va parvenir à faire flancher l’autre.

Michael Haller a enfilé le manteau de cet avocat que rien n’effraie, il se trouve face à des situations inextricables, pour lui, mais bien plus difficile à assumer, pour sa famille également, situations dont il serait impossible de sortir indemne.

Matthew McConaughey est devenu dans ce thriller, un homme tout simplement, pris au piège et en proie à ses nombreux doutes.

Tiré du roman de Michael Connelly Créances de sang, le film de Brad Furman nous interpelle à plusieurs niveaux : le scénario, la réalisation, la crédibilité et l’interprétation des acteurs. Ce film qui retient toute notre attention, est devenu un des meilleurs films noirs du moment qu’il faut tout bonnement ne pas rater.

 

Rose-Marie Thénin         Mai 2011

De l’eau pour les éléphants, de Francis Lawrence

Durée : 1h55

 

Jacob, Robert Pattinson, voit sa vie totalement bousculée le jour où il passe son examen pour être vétérinaire.

Alors que son destin était correctement écrit, il apprend la mort de ses parents, ce qui le plonge dans une précarité totale. Sans un sous, il part hors des chemins tracés pour errer dans l’époque de la grande dépression, en 1931, jusqu’au moment où il rencontre un train dans lequel un cirque itinérant est installé. Les artistes ne roulent pas sur l’or en cette période de disette générale, mais font ce qu’ils aiment par-dessus tout.

De l’eau pour les éléphants, adaptation du best-seller éponyme de Sara Gruen, c’est tout d’abord une histoire d’amour entre Jacob et les animaux du cirque puisqu’il va en devenir le soigneur, mais aussi l’amour inconditionnel qu’il porte pour Marlène, Reese Whitherspoon, la belle écuyère, mariée à August, Christoph Waltz, le directeur du cirque que tout le monde connait pour être tyrannique et violent.

Ces deux personnages, Marlène et Jacob, se côtoient de plus en plus au contact des animaux et arrivent par se trouver. Ils savent pertinemment qu’il faudra, à un moment ou à un autre en payer le lourd prix.

Le réalisme du réalisateur nous embarque à bord de ce train de fortune et nous fait partager la vie de ses occupants. Les prises de vues sont de toute beauté, les photos ressemblent, à bon escient, à des photos vieillies, pour rappeler l’échelle chronologique.

Et nous retrouvons un Robert Pattison qui nous avait déjà captivés dans « Remember Me » d'Allen Coutler pour son professionnalisme et sa sincérité des plus touchantes et un Christoph Waltz aussi sournois et vil qu'il était dans Inglorious Bastards, de Quentin Tarentino, sans parler de la performance de grande qualité de Reese Witherspoon.

Le film se termine comme il a commencé, afin de souligner  la pérennité de l’art tout comme celle de l’amour.

 

 Rose-Marie Thénin         Mai 2011

Minuit à Paris, de Woody Allen

Durée : 1h30

Dans cette « comrom », Woody Allen a voulu nous faire partager son amour inconditionnel pour Paris. D’ailleurs, les prises de vues de la capitale sont parfois à couper le souffle.

Il se sert de ces images de toutes beautés intemporelles pour nous présenter Gil, Owen Wilson, qui écrit des scénarios pour Hollywood, venu à Paris avec sa fiancée Inès, Rachel McAdams.

Mais Gil est plutôt écrivain dans l’âme, et revient toujours à ces premières amours, ces années du début du siècle durant lesquelles, l’art s’écrivait avec un grand « A ».

La nostalgie qu’il ressent pour cette époque le plonge à faire, malgré lui, des incursions dans ce passé qui l’obsède tant. Il décide donc de s’aventurer dans cette ville mystérieuse. Il y fait la connaissance d’Adriana, Marion Cotillard, (ex-maîtresse de Picasso et d’Hemingway), dont il tombe tout de suite amoureux. Amour difficilement possible, tandis qu’Inès, lasse de ces escapades tombe sous le charme de Paul, un intellectuel pédant, lui aussi de passage à Paris avec son épouse.

Le réalisateur veut nous avertir que l’amour, tel qu’il est présenté, peut déraper, et s’il peut déraper, c’est qu’il n’est pas de bonne qualité, et donc ne peut plus arborer ses bannières. Mais également, le message qu’il nous envoie est plus percutant encore, c’est que seul le présent compte, ne pas se réfugier dans le passé et ne pas se projeter dans un avenir incertain, tous deux ne sont pas assez édifiants. Il y a cet autre thème comme en écho à la première idée, c’est que rien n’est vraiment figé dans le temps, et il suffit d’en prendre conscience pour ne pas aller contre-courant, afin de ne pas être en désaccord avec ses propres sentiments et émotions. Restons vrais !

Pour ne pas trop divulguer, sachez que Gil finira par retrouver sa place dans le monde du présent et en sera grandi d’avoir si vite mûri pour accéder enfin au bonheur authentique, celui dont il se galvanise de ses nombreuses lectures de ses auteurs fétiches.

Les images somptueuses de Paris qui nous sont présentées incarnent une symbolisation de l’amour sempiternel, indéniable protagoniste de charme.

Minuit à Paris, c’est l’histoire d’un homme qui se cherche et Owen Wilson n'a jamais paru aussi vrai dans sa façon de chercher sa vie pour y donner un sens, enfin.

 

Rose-Marie Thénin         Mai 2011

Et soudain, tout le monde me manque, de Jennifer Devoldère

Durée : 1h38

 

Eli Drey, Michel Blanc, homme juif de 60 ans, dérange avec son humour décalé. Eli a deux filles, l’aînée, Dom, est professeur de lettres, et ne vit que pour l’adoption d’un enfant, et la seconde, Justine, Mélanie Laurent, est radiologue. Justine est très instable, car elle a presque honte de son père. Pour ce faire entendre, elle collectionne les petits amis sans se fixer vraiment. Justine demeure persuadée que son père ne l’a jamais aimée.

Voulant renouer des liens avec sa fille, de son côté aussi, Eli tente de reprendre contact avec les ex.

La situation s’aggrave lorsqu’Eli annonce l’arrivée de son troisième enfant, ce qui est très injuste pour Dom, qui n’a pas pu être touchée par la maternité.

Le début est long à démarrer avec ses répliques douteuses et peu convaincantes. Mais au fur et à mesure, les choses reprennent la place vacante à prendre, tous les personnages, après ce parcours initiatique se bonifient et sont grandis. Le voile est levé sur les questions qui trouveront enfin des réponses.

L’histoire est contée sur un ton qui se veut rieur, mais en filigrane apparaît le message suivant, derrière les mots qui n’ont pas toujours leur place, il y a tout simplement les maux.

Tout doucement, le message devient de plus en plus clair, le manque de communication engendre des malentendus, voire des dégâts irréversibles. Comme quoi, le manque d’amour peut nous faire basculer vers le côté sombre de nous-mêmes.

A savoir, si on est prêt à écouter l’autre.

 

Rose-Marie Thénin         Avril 2011

La Proie, d’Eric Valette

Durée : 1h42

La Proie, est le nouveau film d’Eric Valette mené tambour-battant par Franck Adrien, un Dupontel au top de sa forme, suivi de très près, dans une course poursuite, par Claire Linné, Alice Taglioni, policière à la Brigade des Fugitifs.

Frank Adrien, inculpé pour braquage décide de s’échapper de prison, alors qu’il ne lui reste que quelques mois, quand il sent que sa famille court un grand danger. A partir du tout début, l’action est au rendez-vous, le suspense est réellement palpable, le scénario est bien ficelé et la réalisation bien achevée.

Dans cette traque incessante, insidieusement orchestrée, on découvre avec horreur que le monde auquel tenait Franck Adrien s’écroule, enfin presque. Il est seul, face à la police qui n’a de cesse de le rechercher, et face à son ancien codétenu, qui sème sur sa route des indices l’incriminant et à juste cause, des crimes pervers qu’il a lui-même commis.

Que ce soit dans l’enceinte carcérale sinistrement et cruellement bien rendue ou hors de ces murs de béton, la chasse à l’homme est le maître-mot de l’histoire et l’action sa fameuse complice.

Difficile de ne pas devenir, malgré soi la proie de ces deux mondes parallèles dépourvus d’humanité par tant de concupiscence arrivée à son paroxysme !

 

Rose-Marie Thénin   Avril 2011

Fighter, de David O. Russel

 

Durée : 1 h 53

Fighter, c’est l’histoire du boxeur Micky Ward qui vit dans l’ombre de son demi-frère, son entraîneur, Dicky Eklund, autre star de la boxe faisant partie d’un passé révolu, tombé dans le crash.

Il aura fallu la rencontre de Micky et de Charlène pour que Micky puisse vraiment s’affirmer en tant que tel et ainsi accéder au titre de champion du monde, sans l'aide de sa famille devenue beaucoup trop envahissante.

Dans ce drame, basé sur une histoire vraie, les personnages n’ont de cesse de nous émouvoir parce qu’ils sont vrais et touchants de l’Amérique profonde. "Le combat" entre les deux demi-frères sur le ring est époustouflant.

En effet, on assiste à un round de près de deux heures entre un Mark Wahlberg qui s’est littéralement battu pour avoir le rôle et un Christian Bale, méconnaissable et délesté d’une vingtaine de kilos.

Difficile de dire qui va le remporter.

 

Rose-Marie Thénin Mars 2011

 

La ligne droite, de Régis Warnier

Durée : 1h38

Leïla, Rachida Brakni, sort de prison après 5 années d’incarcération et doit trouver un moyen pour se réinsérer dans la vie sociale.

Yannick, Cyril Descours, vient d’avoir un accident de voiture à la suite duquel il a perdu la vue.

Tous les deux sont habités par la même passion, l’athlétisme de haut niveau. Et c'est dans la lutte qu'ils arrivent à se construire, voire se reconstruire.

Une seule chose compte pour Leïla, retrouver un travail pour obtenir la garde de son jeune fils qui ne la connait pas. Elle se fait embaucher comme guide pour Yannick.

Les échanges entre eux sont tout d’abord durs et cruels souvent, mais ces deux êtres écorchés devront apprendre à se connaître vraiment au niveau du sport dans un premier temps, pour ne faire qu'un, afin de bien rester sur La ligne droite, mais aussi sur le plan humain afin de se comprendre un peu.

Ce film ne nous laisse pas indifférents, il nous galvanise tout doucement, et inocule insidieusement son remède dans nos veines avides. Pour ma part, ce long métrage est un manifeste sur la confiance en l’autre, et nous apporte de grandes valeurs oubliées, comme la ténacité, l’aide apportée à son prochain. Pourquoi ressortons-nous grandis ? Tout simplement, ce film nous dit qu'à toute situation désespérée, se trouvent dans son reflet la persévérance et l'espérance que l'amour peut sauver aussi.

L’interprétation de Cyril Descours et de Rachida Brakni est admirable, lui dans sa fragilité et elle dans sa force pour retrouver son fils, entre autres.

Ce film est une belle leçon d’humilité, que nous devrions être prêts à endosser enfin.

 

Rose-Marie Thénin         Mars 2011

 

127 heures, de Danny Boyle

Durée : 1h34

Après le succès mondialement reconnu de Danny Boyle, Slumdog Millionnaire, on attendait le nouveau film du réalisateur tiré d’une histoire vraie, 127 heures. Aron Ralstom, jeune homme intrépide, alpiniste chevronné, fou des sports extrêmes, part en ce vendredi d’avril 2003 dans les gorges du Canyonlands, National Park, dans l’Utah. Pour ne pas déroger à ses habitudes, il ne dit à personne où il se rend.                                                       

Mais le destin l’a rattrapé, il se retrouve coincé pendant 127 heures dans une paroi, ayant son bras pris sous un rocher.

Pendant tout ce temps, le jeune acteur James Franco crève l’écran dans un endroit restreint pendant 1 h 34, pour nous, et nous dévoile un talent que l’on méconnaissait jusqu’à présent en nous faisant partager une palette d’émotions brillamment interprétées, allant du sang froid et pragmatisme au délire et à la peur. Le temps devient intensément flou pour lui comme pour nous, et comme nous l’indique l’affiche du film, chaque minute compte, c’est de survie dont il s’agit. Au fur et à mesure que les secondes passent, et bien qu’il sache depuis le début son issue, Aaron recule jusqu’au moment « M ».

On peut remercier l’acteur pour cette prestation de grande qualité, le réalisateur pour son film inédit et pour ces paysages qu’on a du mal à prendre en haine toutefois.

Equipé d’un matériel Hi-Tech dont une caméra, il passe son temps de lucidité à se filmer. Aux moments les plus désespérés, il repasse des épisodes de sa vie et bon nombre de fois, les remords l’assaillent de n’avoir pas su dire aux siens combien il les aimait, et ce film, qu’il tente de réaliser, est un moyen de leur rendre hommage, les regrets viennent aussi le tourmenter, un appel aux choses qu’il n’a pas pu encore faire.

Tout ce temps passé, permet à Aron de se bonifier et de ne plus compter uniquement que sur lui.

A regarder 127 heures, on devient, à notre insu, compatissants pour Aron Ralstom, cet athlète de haut niveau, qui se croyait au-dessus de tout et dont l’égo était surdimensionné. Mais, cela ne nous empêche pas d’être avec lui et de prier avec lui au fond du canyon afin qu’il se sente moins seul. Et comme le dit si bien le cinéaste : « Il y a dans ce sujet une formidable leçon de survie en pleine nature et dans des conditions extrêmes. Mais ce qui m’intéressait surtout, c’était cette force vitale dans laquelle il a puisé et qui surpasse son remarquable courage, c’est ce que je me suis efforcé de capter, cette force impalpable qui nous réunit tous ». (Propos recueillis par Marie Portier dans Les Cinémas Gaumont Pathé N° 189 – février 2011).

Et Dany Boyle a réussi son pari, c’est le moins que l’on puisse dire.

 

 

Rose-Marie Thénin         Mars 2011

Black Swan, de Darren Aronofsky

Quand le directeur de la troupe du New York City Ballet, Thomas, Vincent Cassel, dit à Nina, Nathalie Portman, qu’il ne se fait aucun souci pour lui confier le premier rôle du Cygne Blanc, dans Le Lac des Cygnes, il en demeure beaucoup moins convaincu pour celui du Black Swan (cygne noir).

Pourquoi nous donne-t-il cette information des plus significatives ? C’est tout simplement parce que Nina, au seuil de sa puberté psychologique, jeune femme enfant, à l’image de sa chambre, a peur de devenir cette autre, a peur de grandir, de devenir une femme, une vraie, incarnée par sa potentielle doublure, Lily, Mila Kunis, une femme sensuelle, bravant tous les interdits.

Replaçons-nous dans le contexte de l’histoire du lac des cygnes. En l’occurrence le Cygne Blanc et le Black Swan sont interprétés par une seule et même personne. Une jeune fille est ensorcelée en cygne blanc, maléfice, que seul l’amour véritable et sincère d’un prince pourrait lever, peut-être… Mais, les forces du mal en ont décidé autrement, le tumulte des flots emporte le prince destiné à la princesse-cygne (Cygne blanc) qui meurt de chagrin.

Plus symboliquement encore, jouer le Black Swan nous rappelle que nous sommes mi-anges, mi-démons, et met en brillance la différence entre ce que l’on voudrait être et ce que l’on est vraiment, ce côté noir, celui que l’on tait et que l’on voudrait oublier, mais qui nous rattrape irrémédiablement, jusqu’à notre perte vraisemblable.

Nina, jeune femme tout à fait tranquille, ne vivant que pour son unique passion, la danse, va enfin voir la concrétisation de son rêve, et assister à sa consécration même, mais devra aussi faire face à tout ce qu’elle a refoulé jusqu’à présent, la puberté, une rivale, le désir d’un homme et la sexualité, éléments personnifiés par le Black Swan. Fille soumise d’une mère étouffante, qui a gâché elle-même sa carrière, Nina, au centre de cette nouvelle mise en scène, fragilisée émotionnellement, « va perdre pieds ». Victime de sa soif d’ambition et de son désir de perfection, devant ses propres pulsions orageuses, Nina va progressivement sombrer vers un dédoublement de personnalité auquel elle ne s’attendait pas, vers une schizophrénie qui va la conduire vers une folie des plus meurtrières. Jouer le Black Swan montre le côté sombre de Nina, celui qui l’appelle et qui l’attire irrémédiablement jusqu’à sa damnation certaine, intensifiée par sa mutation physique. L’avant-dernière scène le montre parfaitement bien, Nina a su interpréter le rôle avec brio tout simplement parce qu'elle fait entièrement corps avec le Black Swan et montre qu’il y a réellement fusion symbolisée par cet être hybride qui accompagne cette transformation physique mais aussi psychologique, dans ce parcours initiatique douloureux, très douloureux même, jusqu’à sa libération funeste.

Suite à sa brusque éclosion, et au cœur de ce rôle impressionnant de danseuse étoile prise au piège par sa propre destinée, Nathalie Portman, a aujourd’hui l’étoffe d’une très grande actrice en nous offrant une prestation époustouflante. On peut, toutefois, se demander si elle sortira indemne de cette consécration parallèle à celle de Nina.

Tiré du roman d’Andres Heinz, Black Swan, le drame sombre de Darren Aronofsky, n’en demeure pas moins un conte pour adultes dont chaque image dépeint une pure poésie que ce soit sur le plan musical et chorégraphique mais aussi, et pas des moindres, sur le plan symbolique.

 Rose-Marie Thénin         Février 2011

Last Night, de Massy Tadjedin

Joanna, Keira Knightley est écrivain, et Michael, Sam Worthington est architecte. Ils sont jeunes mariés. Ils pourraient très bien nager dans un bonheur parfait s’il n’y avait pas Laura, Eva Mendes, une collègue de Michael, qui vient d’entrer dans leur vie. Et Joanna, à son issu, comprend qu’il existe une attirance réciproque. De ce fait, elle remet en cause tous les principes fondamentaux des lois du mariage.

De surcroît, Laura et Michael doivent se rendre en Pennsylvanie pour leur travail...

Laissée seule à New York avec ses doutes, Joanna rencontre Alex, l’autre amour de sa vie, Guillaume Canet, écrivain également, venu à New York pour la promotion de son nouveau livre.

Dans ce quatuor amoureux, brillamment interprétés par Keira Knightley et Guillaume Canet, on assiste d’un côté à une infidélité physique, incarnée par l’acte lui-même, aventure d’un soir sans lendemain, celle de Last night, en l’occurrence, et de l’autre, sur le corps les marques d’un désir inassouvi et dans l’âme, un amour plus fort que rien ne pourra entacher quoiqu’il advienne, avec des sentiments plus grands encore – une infidélité par la pensée uniquement, au nom de la loyauté que l’on s’impose vis-à-vis de l’autre.

« Il se passe quelque chose de fort » dit l’un des protagonistes à un moment clé.

Mais n’est-ce pas non plus cela tromper, et qui trompe vraiment l’autre ? Qu’est-ce qui peut être considéré comme étant le plus grave et le plus répréhensible ?

On est en droit de se le demander.

 

 Rose-Marie Thénin         Février 2011

Au-delà, de Clint Eastwood

Trois personnages que le destin va lier, et même relier à un moment « M » ont tous un dénominateur commun. Ils ont vu la mort de près.

Marcus, jeune garçon anglais, vient de perdre son frère jumeau dans des conditions dramatiques ; Marie, française, en vacances en Indonésie est victime d’un Tsunami et a bien failli se noyer. Et puis, il y a George, américain, qui lui est médium, mais ne veut plus se servir de ce don qu’il prend pour une malédiction.

Ces trois personnages n’ont plus le même regard sur les choses depuis.

Le réalisateur aborde différents thèmes qui lui sont chers : le temps sur lequel nous n'avons aucun contrôle, notre passage fragile sur cette planète, la perte d’un être proche, la mort, les messages de l’au-delà dont nous sommes souvent incapables de décrypter le sens, Y-a-t-il un après «l’après» ? Qui a-t-il derrière le miroir ?

Clint Eastwood ne répond pas aux questions, c’est un constat qu’il fait devant nous. Il nous laisse, malgré lui dans nos doutes qui sont les siens, il nous laisse dans notre peur de l’inconnu, mais nous dit : « vous n’êtes plus seul ! »

En toile de fond, il inscrit dans notre conscience d’autres thèmes tout aussi violents dont l’anti-terrorisme, la drogue face à la solitude, la volonté de sortir de cette spirale infernale et l’envie de sombrer, la protection de l’enfance dans certains endroits et aux antipodes, l’exploitation de ces derniers au travail, mais aussi l’inceste et les dégâts que cette infamie peut engendrer.

La fin casse le rythme tragique et pesant du film, comme une bouffée d’oxygène pour le spectateur. Ce que l’on n’oubliera pas, c’est le dernier message que nous envoie le réalisateur, qui se perdure en écho jusqu’à nous, c’est l’entraide, l’aide que ces personnages vont s’apporter mutuellement pour pouvoir « recommencer une nouvelle vie », renaître en l’occurrence. Sans aborder les considérations bibliques et -ou- religieuses, c’est l’amour pour leur prochain qui va être déterminant, et qui leur permettre d’accéder à une nouvelle étape sans subir les caprices d’un destin qui s’acharne, mais plutôt devenir acteur de leur propre existence.

Les voyages au travers du monde amplifient l’idée que nous sommes une partie de cet univers, une partie d’un tout.

Clint Eastwood met le doigt là nous serons attirés, et ce n’est pas la première fois qu’à la fin de ses films, que ce soit Invictus , ou Gran Torino, les personnages doivent subir une sorte d’initiation. Nous, à la fin de cette épreuve douloureuse, par la force des choses, nous ne nous sentons plus seuls, nous nous sentons grandis !

Le réalisateur sait nous donner, de  façon la plus altruiste qui soit, des leçons de vie comme à son habitude.

Pour conclure, il serait adéquat de reprendre la phrase de Matt Damon : « Il ne sert à rien de se complaire dans le nihilisme. Il faut tendre la main à ceux qui partagent cette planète. C’est ainsi que la vie se perpétue. (Phrase recueillie par Fanny Thibault dans les Cinémas Gaumont-Pathé N° 188, Janvier 2011).

 

Rose-Marie Thénin         Janvier 2011

Les 3 prochains jours, de Paul Haggis

John et Laura Bernann vivent heureux avec leur petit garçon de 3 ans, Luke, jusqu’au jour où tout bascule. Un beau matin de bonheur au rendez-vous, La police vient arrêter Laura devant leur petit garçon effrayé. Laura est inculpée d’un meurtre qu’elle dit ne pas avoir commis, condamnée à perpétuité et clamant son innocence à qui veut l’entendre, il aura fallu 3 ans à John pour pouvoir faire appel.

Voyant que la justice ne veut plus ouvrir le dossier, John se surprend même à devenir cet autre homme, prêt à tout pour faire sortir la femme qu’il aime tant de cet univers carcéral, pour retrouver le micro cosmos d’amour douillet de leur petite famille qui planait avant ce drame.

Les 3 prochains jours de Paul Haggis est un remake de Pour Elle de Fred Cavayé, avec un Russel Crowe, qui comme à son habitude, crève littéralement l’écran, par ses regards d’amour pour sa femme et son fils, par sa détermination jamais entachée d’aucun doute.

Ici, on peut se poser la question fatidique, qui est la suivante : notre système judiciaire est-il vraiment conçu sans faille ? Ne faudrait-il pas cesser d’inculper sur simple présomption ? Le prix est lourd à payer pour un innocent qui doit rester à tout jamais derrière des barreaux des plus hostiles, à l’ombre d’un monde que John, Laura et leur petit garçon aimaient tant et faisant désormais partie d’un passé révolu.

Par contre, nous ne sommes pas sans savoir que de nombreux criminels sont en liberté et que notre sécurité est difficilement assurée, contrairement à la devise de notre justice qui se dit omniprésente, tout en n’oubliant jamais que cette même justice peut frapper à notre porte un beau matin, et nous faire sombrer dans un monde des plus délétères, un monde qui ne nous ressemble pas et que nous sommes loin de mériter.

 

Rose-Marie Thénin - Décembre 2010

Harry Potter et les reliques de la mort, Partie 1, de David Yates

J'attendais avec une impatience démesurée de pouvoir retrouver enfin le dernier Harry Potter, 1ère partie, réalisé par David Yates.

Tous les ingrédients étaient présents, le monde de la magie, nos personnages et les décors. Tout était scrupuleusement pensé, la lumière manquante reflétant la plus grande période sombre de l’Histoire de la Magie, la trame chronologique à peu près respectée.

Rien, je dois l’avouer, n'était comme je l'avais concrétisé, j’ai été même surprise par cette vision des choses, je me suis vue même transplanée dans un univers différent.

Pourtant, un seul inconvénient, majeur, à mon sens, faisait largement défaut dans ce défilement d’images aux effets spéciaux décoiffant d’une prouesse inégalable. On ne percevait aucune émotion, rien ne lisait sur les visages de nos comédiens qui ont peut-être tout donné depuis une décennie. On ne voit pas notre héros en proie à ses doutes, nombreux dans le roman, ni à ses joies du reste. Aucun enthousiasme n’est peint quand il veut à tout prix retrouver les reliques de la mort ; même avec Ginny, rien ne passe. Dans la forêt de Dean, Ron aurait dû largement, et à juste titre, retrouver sa place au sein du trio pour plusieurs raisons incontournables, l’une parce qu’il a sauvé Harry de la noyade, et de deux, en tant que véritable Gryfondor, il lui revenait de droit de détruire avec l’épée le 4ème horcruxe placé dans le médaillon, qui a bien failli coûter la vie de Harry. Tout était joué linéairement, sans aucune flamme, et je trouve que c'est assez regrettable. Bien sûr, me direz-vous, le sentiment de la colère a été presque matérialisé, mais en conclusion toute la première partie de l'histoire nous a été contée sans que nous puissions ressentir le moindre impact.

On assiste de ce fait, à une suite d'images édulcorées où toutes les valeurs auxquelles on se raccroche désespérément disparaissent les unes après les autres, telles que principalement l'amour, l'amitié, la peur, le courage, le doute, la reconnaissance, pour ne laisser place qu'à un simple film d'actions.

Si j’avais été réalisatrice, pour ne pas oublier que nous ne sommes essentiellement que des êtres d'émotions, je n'aurais sûrement pas occulté ces passages clés dans du roman , ce qui peut rendre parfois difficile voire impossible la bonne compréhension de l’histoire. Même si dans la transposition à l'écran, cet Harry Potter et les Reliques de la Mort, est d'une grande richesse, certes, il reste quelque peu dénudé d’âme, mais je ne suis pas réalisatrice, je suis auteur. entre autres.

 

Rose-Marie Thénin - Novembre 2010

L’homme qui voulait vivre sa vie, d’Eric Lartigau

Paul, brillant avocat, ne vivant que pour sa femme, Sarah, et ses deux enfants, voit sa vie basculer quand elle lui annonce qu’elle veut le quitter. Après quelques regroupements, Paul comprend au fil du temps qu’il y a un autre homme dans la vie de sa femme, qui pourrait la rendre plus heureuse que lui ne le fait.

Après un moment de folie qui va changer le cours de son existence, Paul se voit obligé de quitter son pays, sa famille pour une quête initiatrice, avec une nouvelle identité pour ne plus être reconnu, et pour enfin pouvoir s’adonner à sa plus grande passion, la photographie.

Romain Duris a su encore nous émouvoir, nous faire ressentir de grandes émotions et porte à bout de bras et à lui tout seul ce film en posant quelques questions fondamentales : quelles sont nos vraies priorités ? Peut-on se mentir et se tourner le dos sans qu’il y ait le moindre impact ? Mais aussi au-travers de paysages européens, Kotor au Monténégro et d’Italie, en étant loin de tout, peut-on arriver à enlever notre manteau de misère pour renaître en quelque sorte et de surcroît lorsqu’on a la possibilité de vivre pleinement sa passion ?

Le roman de Douglas Kennedy a été vendu à 1 million d’exemplaires dans le monde, le film tiré du roman transposé pour la France nous donne de grandes leçons de vie et d’humilité.

Roman Duris nous avait déjà conquis bien des fois, entre L’Arnacoeur, Les poupées russes, mais il est vrai que les rôles dramatiques qu’il endosse, agissent de manière très forte sur nous. Il suffit de se rappeler : De battre mon cœur s’est arrêté ou ce dernier L’homme qui voulait vivre sa vie, symbole d’un désir collectif que nous ne sommes pas prêts d’occulter.

 

Rose-Marie Thénin - Novembre 2010

Les petits mouchoirs, de Guillaume Canet

Au-delà de toutes nos attentes, le nouveau film de Guillaume Canet nous délivre une palette d’émotions dont on ne peut sortir indemne : De la solitude à la place que l’on occupe dans le groupe, du désarroi au déterminisme, du rire au larmes.

Un groupe de copains de longue date décident de partir tout de même en vacances ensemble, comme à l’habitude, alors qu’un des leurs, Ludo, (Jean Dujardin), vient d’avoir un accident très grave en scooter.

Guillaume Canet analyse ces relations d’amitié et d’amour jusqu’à un point de rupture avec une clairvoyance non déguisée, il se pose les vraies questions celles qui nous unissent et celles qui nous désunissent : est-ce que l’amitié et l’amour peuvent-ils rester soudés quoi que l’on fasse ? Le réalisateur s’interroge sur les non-dits, sur ce que l’on veut changer dans notre vie, et ce que l’on s’interdit de changer. L’amour et l’amitié demeurent les protagonistes principaux dans cet univers des plus intimistes dans lequel chacun dans le groupe doit faire face à ces démons intérieurs : Max, (François Cluzet), devient irascible quand Vincent lui apprend qu’il éprouve des sentiments pour lui ; Marie, (Marion Cotillard), se jette invariablement dans les bras d’amants d’un soir afin d’oublier l’amour de sa vie, Ludo, gisant dans un lit d’hôpital ; Eric, (Gilles Lellouche), dragueur invétéré et ayant peur de l’amour, s’interdit de s’apitoyer sur son sort lorsque Léa, sa copine du moment, le quitte ; pour Antoine, (Laurent Lafitte), son seul souci est d’attendre Juliette qui vient de le laisser après 11 ans de vie commune.

Guillaume Canet étudie avec minutie ce groupe de copains et décortique en orchestrant avec brio les relations tendues qui règnent depuis le début de ces vacances inédites et estivales.

Chacun à sa manière raconte notre propre histoire qui perdure au fil du temps et nous incite à «mettre son mouchoir » sur les mensonges que l’on fait et ceux que l’on se fait à soi-même, aux souffrances que l’on s’inflige souvent inconsciemment, aux tensions surgissant et devenant de plus en plus nombreuses.

Adroitement, le réalisateur et acteur de grand nom, remet en cause les principes même de l’amour et de l’amitié dans son film en trouvant le moyen de nous faire pleurer de rire mais aussi de nous faire rire à en pleurer.

 

Rose-Marie Thénin - Octobre 2010

The Town, de Ben Affleck

On a été assez médusés par le réalisateur Ben Affleck lors de la sortie de son premier film Gone Baby Gone, en 2007 pour la justesse du jeux des protagonistes, les sujets sensibles évoqués.

Pour son 2ème film, nous ne pouvons que ressentir les mêmes sentiments car ces critères ont été gardés.

On retrouve un univers dans lequel les personnages sont enserrés dans un étau inextricable, personnages nous offrant un jeu d’une véracité à toute épreuve.

Doug, comme son père, braqueur de banque à Boston veut à un moment « M » s’ouvrir une porte qu’il croyait close jusqu’à présent, quand il commence à traquer avant de tomber éperdument amoureux de Claire, l’employée de banque que son groupe de voleurs enlève pour la relâcher quelques heures après.

Doug veut changer le cours de son existence, et il fait appel à nous pour trouver un moyen de rédemption.

La question est de savoir si on peut vraiment changer de vie quand tout nous l’interdit. L’étau se resserre, et il n’y a plus rien à faire, il semblerait qu’il soit trop tard.

Difficile de savoir à quel saint se vouer : l’amour ou la loyauté vouée à son groupe de voleurs ?

Difficile de pouvoir ouvrir cette porte que l’on se gardait comme un rêve chaud quand dedans il fait froid, surtout quand il s’avère que les dieux en colère ne fléchiront pas et n’accorderont aucune merci

Une fois encore Ben Affleck, réalisateur de talent, mais aussi acteur chevronné nous a prouvé que son cinéma ne peut nous laisser indifférents car nous sommes bien des êtres d’émotions pratiquement ineffaçables après avoir vu ses films.

Ben Affleck nous montre, pour sa deuxième expérience de réalisateur « qu’il y a un monde ailleurs », un monde qu’on aurait trop souvent tendance à oublier parfois, un monde souterrain dans lequel il nous serait si aisé de glisser...

 

Rose-Marie Thénin - Septembre 2010

Crime d’amour, d’Alain Corneau

Isabelle Guérin, (Ludivine Sagnier), jeune cadre et très dynamique, vit sous la coupole de sa supérieure hiérarchique Christine Rivière (Kristin Scott-Thomas), qui connaît toutes les ficelles de la manipulation. Isabelle travaille nuit et jour, sans relâche, ayant une confiance quasi-aveugle dans Christine qui lui fait croire en son efficacité à toutes épreuves, tout en s’octroyant le bénéfice du travail réalisé.

Comment une personne saine d’esprit, peut-elle un jour franchir les limites de la raison jusqu’à la perdre ? (enfin c’est ce que l’on croit au début). Les mobiles, pourtant nombreux, sont courus d’avance, tels que la haine, la manipulation, la jalousie, les jeux de pouvoir, l’humiliation. Ces thèmes enchevêtrés dans le milieu ultra-compétitif de l’entreprise mettent à nu ces personnages une bonne fois pour toutes. Mais là, il y a une variante, qui rappelle le titre du film Crime d’amour. Effectivement l’amour peut se révéler très dangereux s’il est exposé à la jalousie, aux jeux de pouvoir, à l’humiliation, à la haine, au dépit, en l’occurrence. Mais la question que l’on peut se poser est : pour qui ?

Christine veut rappeler à Isabelle que c’est elle qui détient tout, entre autres, le poste, les éloges, et Philippe, son amant. Isabelle doit capituler, ou faire semblant, devant tant de haine projetée par Christine soudainement. L’acharnement de cette dernière laisse présager que la vengeance d’Isabelle risque d’être terrible.

Dans ce film aux décors sombres, avec des prises de vue nocturnes, il n’y a pas de place pour les sentiments, tels que l’amour ou d’autres sentiments appelant un quelconque romantisme. Même les scènes d’amour sont assez violentes, il n’y a donc pas de place pour la tendresse dans un monde sans empathie.

Ce nouveau film d’Alain Corneau, qui aurait pu s’intituler aussi « le crime presque parfait », nous promène dans cette intrigue hitchcockienne dont la fin demeure des plus ambiguës et le dénouement des plus inattendus.

On assiste à une vraie désarticulation du personnage d’Isabelle. Jusqu’où peut aller le mensonge pour l’admiration portée pour une personne, tendant jusqu’à une identification totale. Jusqu’où peut aller l’envie de capturer sa proie pour la dévorer. La vraie question est de savoir si Isabelle veut marcher dans les pas de son mentor Christine pour devenir une autre prédatrice tout aussi, si ce n’est plus dangereuse.

 

 

Rose-Marie Thénin – Août 2010

Twilight 3 - Hésitation, de David Slade

Dans le 3ème volet de la saga Twilight – Hésitation, tiré du Best Seller de Stephenie Meyer, Bella doit faire un choix draconien : choisir entre son amour indicible pour Edward, et son ami de toujours amoureux d’elle, Jacob devenu loup-garou.

Mais ses soucis ne se limitent pas à ses amours contrecarrées. Sa vie est réellement en danger. Des meurtres se perpétuent dans Seattle réalisés par des « New Borns ». Victoria, à la tête de cette machination machiavélique, vient de constituer une armée de vampires animés par une violence inouïe, aux seules fins de se venger d’Edward d’avoir tué James, son acolyte, en massacrant Bella.

Mais les choses ne se passent pas selon son plan. Cette légion de bêtes féroces – non conformes à la loi des Volturi - devra affronter les Cullen « les yeux jaunes », mais pas seuls cette fois, ils seront aidés par Sam et sa meute de loups, leurs ennemis mortels d’antan. Cette alliance, ne serait-ce que temporaire, va-t-elle changer le cours des choses ?

Une remarque tout de même sur la fin tragique de Bree Tanner, la jeune New Born tuée par les Volturi (venus faire respecter leur propre loi qui est celle de ne pas se montrer), reflet indiscutable du sacrifice involontaire dans une seconde vie ne donnant surtout pas accès à une nouvelle chance. (voir mon article sur le livre dans la rubrique "livres" du site.)

Le film de David Slade est assez conforme au livre. On voit bien que le réalisateur s’est axé plus sur les effets spéciaux décoiffant, pour notre plus grand plaisir. Et on a qu’une seule hâte, celle de retrouver tous ces protagonistes dans ce décor et cet univers fabuleux dans lequel oscillent l’amour à toute épreuve, l’amitié, la solidarité, les jeux de pouvoir, mais aussi les grandes figures emblématiques du fantastique telles que les loups-garous et les vampires, figures auxquelles on se raccroche comme pour oublier notre lot dans un monde des plus sordides.

C’est une inconditionnelle qui vous parle !

 

Rose-Marie Thénin – Juillet 2010

Robin des Bois, de Ridley Scott

Quand la loi opprime le peuple, le hors-la-loi est là pour le protéger.

Tout ce que vous avez cru savoir sur Robin des Bois n’est rien à comparer de la nouvelle version éponyme, signée par une main de maître, Ridley Scott et son acteur fétiche, qui crève l’écran. Cette fois Robin Longstride, Russell Crowe (en anglais, marcher à grands pas, à grandes enjambées), est simple archer auprès du Roi Richard Cœur de Lion lorsque celui-ci est assassiné.

Le Roi Jean Sans Terre, incapable de régner, prend le pouvoir dans une Angleterre, du 12ème siècle ravagée par les multiples guerres et croisades du roi Richard, une Angleterre asombrie, déchirée, asservie et terrorisée.

Robin des Bois véhicule à coups sûr les valeurs sûres, celles qui nous réconfortent depuis toujours, mais cette fois, de façon plus déterminée telles que le bien/le mal, la loyauté, la vaillance, la dignité, le désir de renouer avec ses sources, la fantaisie de l’esprit, qui vont nous conquérir certes, mais également la Belle Marianne, incarnée par Cate Blankett apportant une nouvelle grâce.

Dans cette fresque épique, La musique est prenante et sait nous guider et nous rapprocher des antagonistes qui prennent le chemin de cette quête initiatrice. Le charisme de ce Robin des Bois donne un nouveau souffle au mythe revisité par le réalisateur, nous faisant plonger dans un réalisme absolu. De simple archer, Robin se fait passer pour un Comte et réussit de rallier les nobles à sa cause/leur cause et évite de ce fait une nouvelle guerre éminente sans précédent, d'une part avec les Anglais, mais aussi avec les Français, menés par Philippe II Auguste. C’est une pure revanche des petites gens.

Les scènes de bataille sont filmées très rapidement pour donner plus de mouvement à une épopée fantastique, qui dès les premières minutes nous apporte tous les ingrédients désirés : aventure, bataille, amour, entre autres, et donnant raison ainsi à l’engouement ressenti pour le grand écran.

On attend avec une impatience démesurée le deuxième opus qui nous rappellera la légende, celle qui est si chère à notre cœur. celle que l’on connaît et qui a galvanisé l ‘enfant qui est, et qui demeurera en nous jusqu’à la fin des temps. 

 

Rose-Marie Thénin – Mai 2010

L’Elite de Brooklyn, d’Antoine Fuqua

Trois hommes, que tout oppose, vont voir leur destins se rapprocher brutalement, à un moment « M » lors d’une nuit d’été dans un des lieux des plus sordides de New York (Brooklyn).

Le seul dénominateur commun à ces trois hommes est que tous trois occupent des postes différents dans la police de New York, depuis de nombreuses années.

Eddy, Richard Gere, désabusé et persuadé d’avoir raté sa vie, est à quelques jours de la retraite. Il est simple agent, et n’a jamais rien fait pour avoir une quelconque promotion. Eddy n’a qu’une seule priorité, rester en vie pour avoir sa vie d’après, tout en ne sachant pas trop ce qu’il va pouvoir en faire. Afin d’oublier sa propre défaite sur lui-même, il passe son temps auprès d’une prostituée qui a refusé de le suivre.

Sal, Ethan Hawke, jeune officier catholique dans la brigade des stupéfiants, devient malgré lui un flic véreux et incrimine de façon récurrente Dieu de ne pas suffisamment l’entendre. Il a toujours besoin de plus d’argent pour sa famille qui ne cesse de s’agrandir.

Quant à Clarence ou Tango, Don Cheadle, jeune inspecteur, lui aussi chez les stupéfiants, a laissé sa vie là, le jour où il s’est infiltré auprès de caïds de la drogue.

Tous les trois n’ayant eu jusqu’à présent une vraie reconnaissance de la part de leurs supérieurs hiérarchiques, voient leur foi, tout doucement et inéxorablement, chanceler.

Dans ce polar noir, tous les ingrédients y sont réunis, le ghetto noir, le milieu de la drogue et de la prostitution.

La tension monte et tend vers le dénouement final.

Difficile d’épargner sa propre vie quand on est soi-même en quête de son identité bafouée, quand on est soi-même projeté dans les méandres d’un enfer quotidien, refermant sur soi les parois de nos propres prisons.

Antoine Fuqua dépeint les fléaux de ce monde sans avenir avec une grande justesse. Ce fiel nocturne qu’il nous injecte à chaque seconde comme un second venin fait que le film s’étire tout doucement, jusqu’à ce que nous soyons happés par ce tourbillon sulfureux au milieu d’acteurs jouant vrais qui savent nous donner ainsi une belle leçon d’humilité.

 

Rose-Marie Thénin – Mai 2010

Remember Me – La rage de vivre, de Allen Coutler

Dans ce drame romantique, Robert Pattinson (Twilight) donne la réplique à Pierce Brosnan, mais aussi à Emily de Ravin et Chris Cooper.

Les personnages, totalement habités, ont tous dans leurs âmes une déchirure inguérissable, un épisode douloureux qu’il il faut absolument panser afin de pouvoir amoindrir le mal.

Tyler, (Robert Pattinson), ne se remet pas du suicide de son frère aîné Michael qui travaillait pour leur père, tenu pour responsable aux yeux de son fils. A 22 ans, ce jeune homme semble ne plus rien attendre de sa vie qu’il juge bien sordide.

Ally a vu sa mère sauvagement assassinée dans le métro, alors qu’elle n’était âgée que de 10 ans.

Comment ces deux êtres écorchés arrivent-ils à se rencontrer pour se trouver enfin ?

Bien que les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre deviennent de plus en plus forts, une menace très lourde pèse sur ces jeunes gens que la vie n’a pas épargnés. Comment se frayeront-ils le chemin pour ne plus se perdre dans ces méandres inconsidérés ?

Remember Me ou selon mes dires, « L’acharnement de destinées contrariées » nous laisse un sentiment d’une tristesse infinie. Une frustration sourde et insidieuse s’inscrit dans nos cœurs attendris lorsque nous glissons inévitablement vers le dénouement tragique, avec sombre toile de fond un fait marquant de notre Histoire.

La traduction choisie en français pour ce film, est « La Rage de Vivre ». Selon moi, « Remember Me » est bien plus éloquent. 

Pour Tyler, sa « Rage de vivre » s’imprime plus dans une colère des plus froides, surtout quand l’Histoire  s’en mêle et rencontre son alliée sempiternelle la pernicieuse Fatalité. D’ailleurs Tyler, aimant lui aussi les mots à leur juste valeur, vit au travers de ceux qu’il livre dans un journal, de toute importance, à son frère, comme pour se disculper un peu, comme pour apaiser ses maux aux couleurs innommables, mais aussi, afin qu’on se souvienne de son frère Michael, de la mère d’Ally mais également de lui, comme le titre anglophone l’indique, du reste. 

Un tel état d’esprit général ne laisse en rien présager une certaine rage de vivre mais plutôt un mal profond dont on ne peut sortir indemne…

 

Rose-Marie Thénin - Avril 2010

L’Arnacoeur, de Pascal Chaumeil


L’Arnacoeur est la nouvelle comédie de Pascal Chaumeil, qui va tambour battant du début jusqu’à la fin.

Si l’on prend le concept  sémantique  inventé pour les besoins du film de « l’arnacoeur », comment peut-on le définir ? 

Un Arnacoeur, est celui qui brise les couples. Sa méthode : la tromperie, l’illusion, et le mensonge. - déjà intégrés dans cette entité -. Son éthique : il intervient seulement lorsque les femmes concernées sont malheureuses. Moyennant une rétribution élevée, c’est ce que fait Romain Duris, alias Alex, prince des temps modernes en somme.

Son commerce va bon train jusqu’au jour où notre homme  rencontre une princesse, Juliette, incarnée par Vanessa Paradis, riche héritière qui doit célébrer ses noces avec un homme tout aussi riche qu’elle, si ce n’est plus. Le problème crucial est que les futurs époux semblent vraiment épris l’un de l’autre.

Pour Alex, dont le mensonge fait partie inhérente de sa vie, même privée, devra-t-il user de plus de supercherie, de mensonge ou va-t-il enfin se poser la vraie question s’il doit annuler ou pas ce mariage devant se dérouler dans quelques jours ?

Va-t-il arriver à ses fins ou devra-t-il renoncer devant la tâche difficile qui lui incombe ? Quelle est la raison insidieuse qui pourrait le pousser à poursuivre ce projet allant contre ses principes ?

Dans cette comédie romantique, le duo Paradis/Duris ainsi que les autres les personnages apportent une vraie bouffée d’oxygène dans lequel le mensonge devient lui-même un protagoniste affûté permettant à Alex de secourir d’autres femmes en détresse mais surtout de trouver un prétexte pour se voiler la face un peu plus.

Mais, on peut toutefois se pencher sur la notion de mensonge.  S’il est utilisé à bon escient et pour de nobles causes, ne pourrait-on pas être tout de même pardonné pour cet acte d’une transgression morale quelque peu déroutante ? 

Pour arriver au terme de sa quête initiatrice proche de sa vérité, Alex, notre prince devra, pour une fois,  tomber le masque et admettre que l’Amour pourrait bien être l’unique et l’authentique motivation de son combat insensé, certes, mais qui pourrait valoir plus que tout.


Rose-Marie Thénin - Mars 2010

La Rafle, de Roselyne Bosch

Paris, 1942

Joseph, dit Jo a 11 ans, et vit heureux jusqu’au jour où il doit porter une étoile jaune ainsi que les membres de sa famille. Le cauchemar ne fait que commencer.

La peur au ventre, Jo, tout comme les autres juifs apatrides, sont pris par surprise et ne peuvent rien tenter le jour où la Rafle du 16 juillet 1942 a eu lieu.

Ce drame historique ne s’attarde pas sur les monstruosités abominables de la guerre, nous les connaissons tous, et pas une ne manque à l’appel.

La réalisatrice s’est plutôt focalisée sur les sentiments et les émotions.  La scène du Vel’d’hiv s’apparente à l’Enfer. Ses flammes attisent notre colère, notre honte et notre culpabilité, et rien ne pourra, en aucun cas, apaiser les dieux désormais belliqueux. Des milliers de formes décharnées de leurs âmes et de leur identité errent dans ce lieu sordide en attendant leur fin, tout en ignorant qu’elle sera très proche. Notre dignité humaine est bafouée, notre place au milieu des Hommes n’est plus qu’un lointain souvenir. Relégués et entassés comme des bêtes immondes dans cet endroit délétère où l’empathie et la compassion ont laissé la place à la violence et la cruauté de nos ennemis, nos propres compatriotes, devenus de vrais bourreaux tiennent dans leur main l’arme criminelle qui nous anéantira…  C

ommen en est-on arrivés là ?

Sa famille déportée, Jo sera le seul rescapé des camps d’extermination, il s’est tout bonnement enfui. A l’âge adulte, 68 ans après, il a voulu nous livrer ses mémoires d’une façon des plus sobres sous son nom de Joseph Weisemann, afin que rien ne soit oublié.

Ce film basé sur une histoire autobiographique, nous donne deux merveilleuses leçons de vie : Comment se peut-il qu’un garçon de 11 ans arrive à se frayer un chemin dans ce monde d’adulte déshumanisé et terrifiant ? Serait-ce son instinct de survie et la chance qui auraient pu décupler ses forces ?

La réalisatrice, en tant que femme, nous rappelle que l’instinct maternel est aussi fort que l’instinct de survie, sinon plus, et Jo n’a jamais oublié la promesse qu’il a faite à sa mère avant qu’elle soit poussée dans le train de la mort, promesse qui était de vivre.

Et notre colère, et notre honte interpellent notre vigilance, afin que cette Histoire, dans laquelle les comédiens étaient tous habités d’une manière exceptionnelle, ne s’inscrive plus jamais sur les lignes du temps.

 

Rose-Marie Thénin - Mars 2010

Le livre d’Eli, d’Albert Hughes

« Le royaume des Cieux est dans le cœur d’un seul homme »,

Les Evangiles selon Saint-Luc 


Trente ans après une catastrophe sans doute nucléaire, à l’aube d’une ère ravagée par des jours obscurcis, le pouvoir reste à l’ordre du jour.

Et dans ce lieu de profanation sans équivoque, dans ce tumulte de couleur grise quasiment monochrome, apparaît un homme, Eli, Denzel Washington, qui voyage seul depuis toutes ces années. Aurait-il un secret ? Serait-il protégé par un Dieu quelconque ? Ses cinq sens, affûtés telle sa lame blanche, lui donnent une force légendaire face aux criminels et voleurs qui se veulent se frayer une place au soleil devenu trop dangereux pour sortir sans verres solaires, verres permettant aussi de ne pas voir les décombres d’un monde apocalyptique, conséquences de notre concupiscence invétérée.

Il ne reste plus rien, tout comme au commencement de l’humanité.

Rien ne pourra écarter Eli de son dessein ordonné par la Voix qu’il a entendue. Chargé d’une mission des plus analeptiques, durant sa quête, Eli transporte le dernier des trésors « des jours d’avant », la Sainte Bible datant d’un siècle révolu, celle que tout le monde convoite et dont tous les semblables incriminés ont été brûlés dans un flot d’ignorance et de haine. Il doit marcher vers l’ouest pour mettre en lieu sûr les Saintes Ecritures. A l’heure où les anciennes valeurs ont été anéanties, de ses lectures quotidiennes, Il est là pour reformuler chaque verset afin de mieux les restituer dans chaque cœur meurtri, redonner confiance et foi dans ce chaos inavouable, ré insuffler espoir au désespoir.

Profondément affaibli, mais serein, Eli arrive dans l’ouest. Sous la plume de l’homme qui le recueille, Eli récite les premiers versets de la Bible qui rappellent douloureusement l’univers dans lequel ils vivent tous présentement, devenu un champ de ruines notoires, tout comme au commencement de l’humanité. Mais, la foi donnant la force, tout comme la force devenant la foi, le flambeau sera repris par d’autres. La bonne parole sera répandue à nouveau un peu partout. La vie est une histoire cyclique, un éternel recommencement…La boucle est bouclée.

Eli incarne le Bien, la quasi-perfection, l’image de Dieu.

A toute thèse, il y a son antithèse. Dans une ville lointaine, un homme règne en tyran, Carnegie, joué par Gary Oldman. Nostalgique à ses heures perdues, il veut s’approprier de cette bible, non pas pour se rappeler les préceptes qui ont bercé son enfance, mais pour s’en servir comme une arme fatale, inculquer à ses sujets les versets de cet ouvrage pour mieux les asservir. Il fera tout son possible pour le posséder.

Canergie incarne le Mal par excellence.

Pour conclure, dans une société chaotique où la genèse d’une quelconque religion a été occultée, comme un phénix qui renaît de ses cendres, le Christianisme renaît, - puisqu’il s’agit des versets de la Bible – le Christianisme, renaît lui aussi des cendres de l’Ultime Guerre, avec plus de vigueur encore, au travers d’Eli et du cadeau qu’il nous fait, c’est une nouvelle chance qu’il nous donne. C’est par l’intermédiaire de ce livre que nous serons sauvés. Le rôle d’Eli est déterminant dans une humanité amnésique des principes fondamentaux qu’il a su nous transmettre bien au-delà de son regard des plus vides…

Mais le message du réalisateur ne serait-il pas, afin d’éviter peut-être le pire, de prescrire au troupeau égaré que nous sommes devenus, les doses de valeurs sûres que notre athéisme aurait délaissé quelque peu ?

 

Rose-Marie   Janvier 2010

Invictus, de Clint Eastwood

Cette histoire est basée sur une histoire vraie.


L’histoire se passe en 1994 en Afrique du sud. Bien que la fin de l’Apartheid soit proclamée, noirs et blancs sont loin de se côtoyer et la haine est toujours palpable.

Cette nation, une des plus pauvres de notre planète, est pourtant toujours autant divisée sur le plan racial et économique.

Après avoir passé 27 ans dans une cellule de 9m2, Nelson Mandela sort de prison pour être élu démocratiquement Président de l’Afrique du sud. Afin d’allouer une seconde vie à son peuple, il fait le pari, néanmoins risqué, de présenter son équipe de rugby à la Coupe du Monde, sport pourtant exclusivement réservé aux blancs. Il demande également aux joueurs de son équipe fétiche d’apprendre à jouer au rugby aux petits enfants noirs des taudis immondes, disant préférer le Foot Ball.

Le réalisateur Clint Eastwood, porte-parole du Président Mandela, a choisi le sujet intarissable et sensible du racisme pour pouvoir gommer les imperfections humaines et rappelle tambour battant les règles fondamentales des rapports entre les humains.

Le rugby est en fait un symbole, le symbole d’une nation unie, qui retrouve ses marques au sein d’un peuple dénaturé qui pense enfin à un avenir ensemble.

A mesure que les autres équipes sont évincées et que l’équipe sud Africaine arrive en finale,  pour enfin gagner, on s’aperçoit que chacun retrouve sa place dans ce monde bouleversé. Blancs et noirs se tolèrent plus, on arrive même à rire ensemble, à s’apprécier, à s’écouter, à fraterniser même...

Dans ce manifeste sur l’humanité, le réalisateur démontre qu’à l’heure de l’Identité Nationale, Nelson Mandela a voulu prendre et donner une grande inspiration, (sens littéral du terme, le souffle de la vie) pour l’insuffler à son peuple en valeurs sûres enfin réunies dans une ère nouvelle, tels que la fraternité, l’enthousiasme, l’égalité, l’harmonie de vivre ensemble.

Invictus, tel un nouvel espoir, est un air de magnanimité, un hymne national qui vous vient subrepticement et que l’on veut continuer à fredonner pendant de longtemps.

D’ailleurs, la bande originale est là pour nous le rappeler et nous concéder cet état de liesse tout comme pour oublier qu’il y a eu un jour l’Apartheid.

 

Rose-Marie Thénin - Janvier 2010

Reviens-moi, de John Voight

Le film est très bien fait, les acteurs jouent juste, les couleurs et les décors donnent une impression de tellement vrai, tout est bien retranscris.

Pour moi il y a trois parties distinctes :

La 1ère tout d'abord, est un petit échiquier qui sert mettre en place les pions et les décors, la maison bourgeoise, où règnent confort, oisiveté et désœuvrement. Même les personnages ne trouvent pas leur place. Pourtant la nature luxuriante nous offre de somptueuses couleurs et apaise notre malaise, malaise s’intensifiant tout au cours du long métrage.

L'eau est plusieurs fois soulignée, comme un signe précurseur de purification, (connotation religieuse et symbolique).

La 2ème partie vient en contraste avec la première : ce n’est plus les images confortables du début, c’est le cahot cataclysmique, c'est la colère incarnée par la guerre, ces décors de ruines anéanties, tout comme la santé de Robbie qui s'altère de plus en plus, ces mines hagardes et pâles essayant de survivre devant les catastrophes causées par les bombes. Dunkerque et les autres sites sont devenus terribles et méconnaissables. On est impuissant devant la folie meurtrière des hommes, et tout autant devant ces blessures nombreuses qu'aucune main experte ne parvient à guérir. Ce n'est pas un hasard si les deux antagonistes féminins, sœurs amies ou ennemies sont infirmières, noble cause, qu’elles sont prêtes à servir afin de pouvoir se noyer dans l’oubli. Malgré leur volonté mise à toutes épreuves de vouloir panser et guérir ces souffrances, ces êtres tiraillés par la peur de mourir sans avoir vécu, elles ne parviennent pas ni à panser ni à guérir les blessures des deux amants trahis par une situation de paroxysme engendré par le dépit et la jalousie, car à la fin, tous deux meurent dans des conditions effroyables, dans les souterrains d'immondices aux décors de science-fiction où la  race humaine s'est éteinte ou sur le point de l'être, alors que c'est la pure réalité, lourde de conséquences, tout comme le geste irréparable de cette enfant.

En 3ème partie, ce n'est pas par hasard si la cadette Tallis, est devenu l'auteur qu'elle rêvait depuis toujours de devenir, elle apparaît en femme mure, abîmée par la culpabilité, car il fallait qu'elle ait atteint cette maturité pour comprendre la teneur de son geste pour être pardonnée, car tout homme a le droit de rédemption devant les dieux en colère. Elle tentera toutefois de s’expliquer avec sa sœur aînée et Robbie lors d’une visite fictive, car cela correspond à son vœu le plus cher, plus rien d’autre ne compte. C’est la seconde chance qu’elle-même aurait voulu avoir. 

En dernier lieu, l’auteur nous livre un dénouement heureux, largement préféré par le lecteur. La meilleure façon de se racheter, c’est de redonner à ces deux amants trompés par la vie, une seconde chance de vivre ce qu'ils n'ont jamais pu vivre jusqu'à présent, son fardeau est trop pénible à porter, symbole iconographique de Jésus portant sa lourde croix.

Le titre, pour ma part, est mieux approprie en anglais 'Expiation". "Reviens-moi" casse le rythme du drame et semble beaucoup plus banal. « Expiation » a de plus une connotation religieuse,  celle qui rappelle que tout péché devra être puni. L’attitude de soumission de cette femme le confirme, elle est prête à recevoir tout châtiment, pour en finir avec son enfer quotidien.

Le film peut comporter quelques lourdeurs, certes, mais là aussi c'est pour souligner le ressenti d'un tel sentiment, ces heures épuisantes et infinies la rongent jusqu'a l'expiation, enfin.

La fin de son livre est belle. Elle semble comme un beau rêve auquel on se raccroche tant bien que mal.

L'eau est encore présente, comme pour  les envelopper dans son écume protectrice pour que l'amour les rejoigne dans l'infini, pour de bon cette fois.

Et puis, n'appartient-il pas a l'auteur de rester maître de son ouvrage en choisissant sa trame chronologique, mais aussi en optant pour une fin heureuse, même si celle-ci s'avère être une pure fiction, liberté qui se réserve en tout dernier ressort l'auteur.

 


Rose-Marie Thénin - Janvier 2008


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